Les éoliennes tueuses d’oiseaux ?
Aux Etats-Unis, l’énergie éolienne provoque, comme ailleurs, des opposants qui les accusent de tuer des oiseaux, soit un effet collatéral inacceptable. Voici quelques statistiques américaines, provenant de plusieurs sources qui présentent les diverses causes de mortalité des oiseaux (entre parenthèses, la source).
Causes | Mortalité annuelle |
Vitres (résidences et commerces) | 100 millions-1 milliard (Treehugged) |
Chats | des centaines de millions (AWEA) |
Fils et câbles électriques | 130-174 millions (AWEA) |
Pesticides | 70 millions (AWEA) |
Véhicules | 60-80 millions (AWEA) |
Mâts éclairés | 40-50 millions (AWEA) |
Eoliennes | 10.000-40.000 (ABC) |
Un tiers de la mortalité est naturel, comme les oisillons qui tombent du nid, signale l’association américaine de l’énergie éolienne (AWEA). D’où vient cette réputation d’éoliennes tueuses d’oiseaux ? En Californie, où un parc de plus de 4.000 éoliennes fut installé entre 1981 et 1985 dans l’Altamont Pass. Les éoliennes avaient une puissance moyenne de 100 KW, des pales avec des pointes de vitesse à 80 m/seconde, et un point bas à 30 m. C’était un réel danger pour tout ce qui vole (MIT).
Autre défaut: les mâts avaient une structure en treillis, structure qui attire les rapaces en quête de perchoirs élevés. En outre, les oiseaux étaient attirés par les pales en rotation, une rotation obligatoirement élevée pour compenser la faible surface balayée. L’Altamont Pass est aussi une route migratoire très importante. Le site abrite d’ailleurs la plus grande population mondiale d’aigles royaux (USA Today). La plupart des oiseaux tués étaient des oiseaux chanteurs, 10% étaient des rapaces (ABC). Evidemment, on extrapola à l’échelle du pays. En réalité, il s’agit d’un cas unique, en raison de la localisation du parc et de la conception des éoliennes.
Depuis 2010, ces petites éoliennes ont été progressivement remplacées par des modèles modernes, d’une puissance moyenne de 2,1MW. L’évolution technologique a permis de réduire drastiquement les pertes. Le meilleur indicateur vient des associations de protection des oiseaux elles-mêmes. L’American Bird Conservancy (ABC) soutient l’énergie éolienne pour autant que la localisation et la conception soient favorables aux oiseaux (birdfriendly). La Wisconsin Bird Initiative (WBCI) déclare que les éoliennes ont peu d’influence sur la mortalité des oiseaux, comparativement aux vitres et aux mâts en treillis. En 2006, la société Audubon a approuvé l’action de l’assocation américaine de l’énergie éolienne (AWEA). Le Renewable Energy World (REW) cite un propos du président de cette société : « Si vous êtes près d’une éolienne, vous pouvez trouver des carcasses d’oiseaux et les compter. Près d’une centrale électrique au charbon, vous ne pouvez pas compter les carcasses, mais elle tue bien plus d’oiseaux. » Une mortalité nulle serait le meilleur scénario, irréaliste dans le cadre de la production d’énergie. L’idéal, c’est une localisation intelligente et une conception toujours plus fine des projets, pour continuer à réduire la mortalité de l’avifaune.