La fondation en béton, un problème ?

L'ancrage des éoliennes dans le sol suscite beaucoup de réactions

La fondation en béton des éoliennes, un problème ?

Sait-on que la quantité de béton pour la fondation d’une éolienne terrestre de puissance de 3 MW (1.000 tonnes) correspond à celle de 5 maisons traditionnelles ? Quant à l’éolienne elle-même, son mat pèse environ 400 tonnes d’acier pour une hauteur de 100 m. D’environ 15 m de diamètre sur 2,5 m de profondeur, la fondation est aussi renforcée par 30 tonnes d’acier, et, quand le sol le nécessite, par des pieux en béton armé de 15 m de profondeur. Voyons à présent trois facettes des impacts de cette fondation : le CO2, le démantèlement et l'emprise au sol.

Une empreinte carbone limitée

Matériau inerte, le béton présente peu de risques pour l’environnement. Mais sa fabrication est émettrice de CO2 : 235 kg de CO2 par tonne de béton, soit 235 t CO2 pour notre éolienne de 3 MW. Quant à l’acier, c’est bien plus par tonne : 585 kg de CO2/tonne. La fondation est donc responsable de l’émission de l’ordre de 250 tonnes de CO2, tandis que le mat de l'éolienne elle-même de 250 t de CO2 supplémentaire, pour un total de 500 t. 

Cependant, il faut ajouter à tout cela les autres matériaux (nacelle, pales, câbles), le transport et le chantier ou encore la maintenance et la fin de vie de l’éolienne. Le bilan carbone du cycle de vie de l’éolien terrestre en France est estimé à 12,7 g CO2 par kWh d'électricité produit par l’ADEME. Si notre éolienne de 3 MW vit 20 ans, elle produira 126 GWh d’électricité et donc 1.600 t de CO2 sur toute sa vie. 

Une centrale à gaz fossile (500 g/kWh) émet ce CO2 en produisant 3.200 MWh d’électricité. Une éolienne de 3 MW produisant 6.000 MWh par an amortit donc sa dette carbone en moins de 1 an, voire 6 mois, si elle permet d’éviter la production d’une électricité d’origine fossile. 

Le démantèlement

Pour la fin de vie de l'éolienne, si le site va recevoir des éoliennes plus grandes, le béton sera généralement réutilisé sous forme de gravât. En effet, les chemins pour l’installation et la maintenance des éoliennes sont souvent réalisés à partir de granulats concassés, sur une épaisseur de quelques dizaines de cm. À la fin de la période d’exploitation, le démantèlement consiste en l’excavation totale des fondations (jusqu'à 2,5 m de profondeur) et au remplacement par des terres comparables aux terres proches. L'ancien béton est alors concassé pour être réutilisé. La coopérative prépare d’ailleurs cette opération pour ses 2 premières éoliennes pour dans quelques années. 

Dans certains cas, les exploitants conservent même la fondation et remplacent leurs éoliennes en fin de vie par des modèles de même taille mais plus efficaces. Mentionnons enfin que le monde du béton et de l’acier recherche tout deux activement des solutions pour diminuer leurs émissions de CO2. Le bilan carbone pourrait donc encore s’améliorer dans les années à venir. 

Une emprise au sol limitée

Lorsqu'elle a lieu sur une terre agricole, l'éolienne supprime bien sûr la production agricole sur la surface de sa fondation, sans aucune contestation. Cependant, cette emprise au sol est minime. Non seulement l'agriculteur peut continuer à cultiver, contrairement à l'agrivoltaïsme, mais aussi l'emprise des éoliennes est très faible en regard d'autres. En effet, par exemple, les 500 éoliennes wallonnes existantes n'occupent que 0,8% de la surface des seuls nationales et autoroutes wallonnes. En France, les éoliennes ne comptent que pour 1,5% de la nouvelle artificialisation des terres, comparées à 47% pour les nouvelles maisons résidentielles. Les priorités de la lutte contre l'artificialisation des terres se trouvent donc plutot du côté des voiries, des habitations et des zonings industriels. 


Joseph François et Xavier Gillon



 

 

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Images avec la gracieuse autorisation de la coopérative Hesbenergie.