Construction de notre éolienne citoyenne à La Louvière
L'équipe et les étapes du chantier
Construire une éolienne, tout un programme
Emissions Zéro s’est lancé un nouveau défi : entreprendre seule la construction d’une éolienne, sans l’aide d’un développeur. Tout a commencé en 2021 avec le rachat, au développeur Bee, du permis libre de recours d’une éolienne unique à La Louvière, à proximité de la sortie Houdeng de la E42. En 2022, la levée de fonds a fortement sollicité les responsables de la coopérative. Cette année, en 2023, c’est la construction de l’éolienne même qui concentre une part importante de nos efforts, sujet de cette actualité.
Merci à HesbEnergie de nous avoir autorisé à utiliser les photographies de ses chantiers pour illustrer cet article.
Toute une équipe
Un projet de cette ampleur ne se fait pas seul, ni sans un montage juridique approprié. Emissions Zéro a créé une société – le Moulin du Bois de la Hutte (MBH) - qui est propriétaire et gestionnaire de l’éolienne citoyenne. Son Conseil d’Administration est composé du chargé de projet rémunéré en charge du chantier – Bernard –, de bénévoles de Emissions Zéro – Michel, Anthony, Dimitris et Joseph – et d'un bénévole de Nosse Moulin – Dominique – qui participe financièrement au projet. Merci à eux pour tout ce qu’ils réalisent pour les deux coopératives.
Le CA de MBH lors d'une visite du chantier, à l'exception de Michel et Dominique. De gauche à droite : Bernard, Antony, Joseph et Dimitris.
Le chantier dans les grandes lignes
Un chantier ne se lance pas sans préparatifs. Bien en amont, la commande de l’éolienne doit avoir lieu. Ce fut au mois de juin 2022 pour notre turbine Enercon E82, de 2,3 MW et 126 mètres de hauteur. Ensuite, la rédaction du cahier des charges et la sélection des sous-traitants prennent un temps conséquent. Ainsi, pour la majorité des travaux, les entreprises sélectionnées ont été Nonet (belge) et Enercon (allemande, fabricant de l’éolienne).
Quand tout est suffisamment réglé et préparé, le chantier démarre et suit 4 grandes étapes : la préparation du site ; le forage des pieux et la construction des fondations ; la livraison des composants de l’éolienne et son montage ; et enfin le raccordement électrique au réseau.
Une fois le chanter fini, il reste une phase importante avant de pouvoir vendre l’électricité : la mise au point de l’éolienne, son réglage et la vérification de sa courbe de puissance à différents régimes de vents.
Les pieux
Entrons davantage dans les détails du chantier. Quand le terrain n’est pas suffisamment ferme, certains projets nécessitent des pieux. Pour notre éolienne, ils sont au nombre de 24 avec une profondeur de 19 m. Un forage est réalisé à l’aide d’une machine spéciale. Un ferraillage est ensuite glissé dans le trou et du béton est coulé pour former un béton armé.
La fouille et les fondations
Après cela, la « fouille » est excavée : c’est un trou de 3 mètres de profondeur et de 17 mètres de diamètre qui , dans ce cas, va accueillir la fondation en béton armé. Cette dernière est composée au centre d’une « cage d’ancrage » en acier de quelques mètres de diamètre qui sera accrochée à la future éolienne et d’un ensemble de ferraillage qui occupe les 17 mètres de diamètre de la fouille. Un béton est ensuite coulé.
Les émissions de CO2 résiduelles de l’éolien proviennent en grande partie de la fabrication de ce béton. Ces émissions sont heureusement « compensées» en moins d’un an, voire 8 mois, selon les modèles, par la production d’énergie non-carbonée de la machine. Ainsi, un kWh électrique que génère une éolienne terrestre sur toute sa vie n’« émet » que 14 g équivalent CO2 en moyenne, en raison des fabrications actuelles du béton, de l’acier, des différents composants, et du démantèlement final de l’éolienne. A comparer avec les ~400 g d’équivalent CO2 pour les centrales à gaz, voire 1.000 g pour celles au charbon (base carbone ADEME)
Livraison et montage des composants
Après ces mois de préparation du site, des pieux et de la fondation, les différents composants de l’éolienne sont enfin livrés par convoi spécial sur le site. Elle est prévue pour fin juillet par Enercon. Le chantier devient alors spectaculaire : les différents composants de l’éolienne sont montés ensemble en 15 jours, par des grues adaptées au gigantisme des composants !
Raccordement et mise en service
La dernière étape du chantier est tout un travail en soi : connecter l’éolienne au réseau. Des tranchées sont creusées pour la pose de câbles capables de supporter les courants générés par l’éolienne. Finalement, une cabine sera construite pour contenir le compteur et les composants électriques.
A ce stade, le chantier est terminé, et la phase de mise en service peut démarrer. L’éolienne doit être démarrée progressivement et être réglée. Le réglage terminé, la vérification des spécifications de l’éolienne a lieu. La puissance délivrée est vérifiée à différents régimes de vent et comparée à la puissance spécifiée. Ces dernières étapes auront lieu entre octobre 2023 et avril 2024 et la vente de l’électricité de l’éolienne devrait démarrer en mai 2024.
Si les conditions sont suffisantes, une petite partie de l’électricité pourrait être revendue à une entreprise locale du zoning, qui facilite grandement le chantier, mais la grande partie sera probablement revendue à COCITER. Ceci permettra à de nouveaux ménages de rejoindre le circuit court de l’électricité et de bénéficier d’un prix maîtrisé de son électricité, à l’abri des surprofits et avec la fierté d’être copropriétaire des outils de production !